Rue de Chateaudun
La façade principale
Jean-François de Gondi, archevêque de Paris, avait autorisé l’érection d’une chapelle que lui avaient demandée les habitants du quartier du Faubourg-Montmartre et accepté, en 1646, de la placer sous l’invocation de Notre-Dame-de-Lorette. Édifiée à l’extrémité de la rue Coquenard (actuelle rue Lamartine), cette chapelle fut démolie pendant la Révolution. Au début du XIXe siècle, le développement du quartier dit des Porcherons exigea l’érection d’une nouvelle église. Chargé en 1821 de sa construction, l’architecte Louis-Hippolyte Le Bas conçut un édifice qui marque un retour à un classicisme rigoureux.
Notre-Dame-de-Lorette adopte un plan basilical, sans transept visible de l’extérieur. Surélevé de quelques marches, le portique monumental de la façade principale, à quatre colonnes corinthiennes, supporte un entablement couronné d’un fronton pointu. Il est bordé par deux arrières-corps latéraux, percés de portes secondaires. Par un décrochement supplémentaire, le mur rectiligne file jusqu’au chevet, qui se termine en hémicycle.
Le chevet
Deux arrières-corps, semblables à ceux qui encadrent le portique de la façade principale, pareillement soulignés de chaînages d’angle, flanquent le chevet. Dressé sur une plateforme, au-dessus du chœur, le parallélépipède du clocher s’ajoute à l’emboîtement de formes simples constituant l’architecture extérieure de l’église. Il est percé de grandes baies cintrées à claires-voies et surmonté d’une croix.
Une grille de fer contourne le chevet de l’église, de la même manière que l’escalier menant à la façade principale. Des portes surmontées d’un fronton pointu percent les faces latérales des arrières-corps et permettent, de ce côté, d’accéder à l’édifice.
Charles-François Lebœuf, dit Nanteuil-Lebœuf (1792-1865)
L’Hommage de six anges à la Vierge et l’Enfant, Paris, fronton de l’église Notre-Dame-de-Lorette
Du côté de la façade principale, le portique monumental supporte un entablement couronné d’un fronton, dont le relief ornemental représente L’Hommage de six anges à la Vierge et l’Enfant, par Charles-François Lebœuf.
Charles-René Laitié (1782-1862)
La Charité secourant deux enfants, Paris, façade de l’église Notre-Dame-de-Lorette
Au sommet et aux extrémités du fronton, deux statues et un groupe de figures, rappelant les acrotères antiques, représentent les Vertus théologales : La Charité secourant deux enfants, par Charles-René Laitié ; L’Espérance (avec l’ancre) et La Foi (avec le calice et l’hostie), par Denis Foyatier.
La figure féminine de La Charité, vêtue d’une robe et d’un manteau noué sous la poitrine, porte l’un des deux enfants l’accompagnant (il semble s’être endormi et pose sa tête sur l’épaule de la jeune femme) ; elle serre l’autre enfant contre elle (il se tient debout, sur un petit socle, près d’elle, et tend la main pour attendrir sa protectrice).
La principale porte d’entrée
Au fond du portique, une grande porte rectangulaire perce le milieu du mur. Un entablement, posé sur un rang d’oves et porté par deux consoles, surmonte cette porte. De part et d’autre, une frise de postes sépare la partie inférieure du mur, régulièrement panneautée, de sa partie supérieure, striée de refends.
Le lustre du vestibule
Devant la porte principale, un vestibule, délimité par deux colonnes ioniques, précède la nef. Suspendu à grosses chaînes, un lustre à plusieurs branches ornées de feuillages et de têtes d’enfant, et terminées par des lampes à globe de verre fumé, éclaire cette avant-nef plus obscure.
La nef et le plafond à caissons
L’église Notre-Dame-de-Lorette comprend une nef, ceinte d’une rangée de colonnes à chapiteau ionique, et quatre bas-côtés. Sur le modèle des basiliques romaines, elle est coiffée d’un plafond à caissons, réalisé par Hubert-Nicolas Lamontagne, qui présente alternativement le monogramme « VM » de la Vierge Marie, la colombe du Saint-Esprit et des rosaces décoratives. Les bas-côtés sont coiffés d’un plafond à caissons compartimenté ; les deux vaisseaux extérieurs, plus étroits, sont aménagés en chapelles latérales.
Au niveau du transept, un arc triomphal sépare, vers l’est, la nef et le chœur. Dans les écoinçons de l’arc, deux figures d’évangélistes s’ajoutent à celles disposées de la même manière, du côté de l’entrée. Contrairement à la nef et aux bas-cotés, le chœur n’est pas couvert d’un plafond, mais d’une coupole sur pendentifs. Il se termine en cul-de-four.
L’élévation de la nef
Les colonnes ioniques délimitant la nef et les bas-côtés supportent un entablement à corniche saillante. Des peintures consacrées à la vie de la Vierge scandent l’étage de l’élévation, en alternance avec les fenêtres hautes, qui laissent entrer la lumière naturelle. Près de l’entrée, à gauche, François-Louis Dejuine (1786-1844) représente L’Assomption, Jean-Pierre Granger (1779-1840) compose L’Adoration des mages et François-Joseph Heim (1787-1865) peint L’Adoration des Bergers.
Le décor du cul-de-four terminant la chapelle du Baptistère
Quatre chapelles occupent les angles de la nef : les chapelles du Baptistère et de l’Eucharistie, à droite de l’entrée ; la chapelle de la Mort et de la Résurrection et celle du Mariage ou des litanies de la Vierge, à gauche de l’entrée.
Ces quatre chapelles sont coiffées d’une coupole, aplatie et percée d’un oculus, qui s’appuie sur quatre pendentifs et quatre piliers. Les deux chapelles situées aux extrémités du vestibule d’entrée se terminent en cul-de-four ; les deux autres mènent à un autel architecturé, orné d’une sculpture en grandeur naturelle.
Le peintre Adolphe Roger (1800-1880), ancien élève du baron Gros, réalisa la chapelle du Baptistère, située à droite de l’entrée, à l’une des extrémités du vestibule. Retournant aux sources des Primitifs italiens, il recouvrit entièrement les parois, à la manière des chapelles du Trecento italien.
Le pêché originel
Les figures des scènes du cul-de-four se détachent en outre sur un fond d’or ; celles de la rotonde, sur un fond bleu uni, qui renvoie à Giotto ou à Lorenzetti.
Chargé de décorer la chapelle des Litanies de la Vierge, Victor Orsel, chef de file des Nazaréens français, se montre également très inspiré par l’art italien, avec une prédilection pour le Quattrocento. Ces deux artistes représentent, à travers les modèles puisés en Italie, une tendance majeure de la peinture décorative sous la Restauration et la Monarchie de Juillet.
Pierre-François Delorme (1783-1859)
Le Triomphe de la Vierge ou La Translation de la maison de Lorette, 1828-1837, Paris, coupole du chœur de l’église Notre-Dame-de-Lorette
La coupole du chœur s’inspire d’une légende rapportée par le moine Terramano au XVe siècle, selon laquelle des anges déplacèrent la Sainte Maison (« Santa Casa ») après l’invasion de la Palestine, à la fin du XIIIe siècle. Le moine raconte que la maison où Joseph, la Vierge et l’Enfant vécurent, à Nazareth, fut transportée en Dalmatie (actuelle Croatie), puis en Italie, près d’Ancône, cachée dans un bois de laurier (d’où le nom de « lorette »).
Le grand décor de Pierre-François Delorme, élève de Girodet, tranche nettement avec les peintures des quatre chapelles d’angle. Delorme représente la Vierge au centre de la composition, avec la Charité et la Justice, la Foi et l’Espérance. Près de la corniche, la cohorte d’anges accompagnant la « Santa Casa » est saisie avec des effets de contre-jour, qui suggèrent un décor d’inspiration baroque.
Pierre-François Delorme
Un Évangéliste, Paris, pendentif de la coupole du chœur de l’église Notre-Dame-de-Lorette
Delorme réalisa également les figures des quatre évangélistes. Dans le cul-de-four achevant le chœur, le peintre François-Édouard Picot se chargea du Couronnement de la Vierge.
Des restaurations engagées en 2013 ont rendu aux peintures de l’abside toute leur beauté ; d’autres restaurations semblent en cours, notamment dans la chapelle du Baptistère. L’église Notre-Dame-de-Lorette, précieux témoignage de la peinture décorative du premiers tiers du XIXe siècle, n’est pas encore sauvée : la figure d’un évangéliste, sur un pendentif de la coupole, a pratiquement disparu ; l’une des quatre chapelles d’angle, fort noircie, est en outre étayée et obstruée par la loge d’accueil de la paroisse.