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L’Opéra Garnier (1861-1875)

Place de l’Opéra

opéra Garnier

La façade principale

C’est au lendemain de l’attentat d’Orsini, fomenté contre la famille impériale en 1858, alors qu’elle se rendait à l’Opéra de la rue Le Pelletier, que Napoléon III décida la construction d’un nouvel édifice sur un emplacement plus dégagé. Sans doute dans l’intention d’écarter l’architecte ordinaire de l’Opéra, Charles Flahaut de Fleury, un concours fut ouvert en 1860.

Lauréat du Premier Grand Prix de Rome en 1848, Charles Garnier (1825-1898) y participa et l’emporta face à des concurrents renommés, parmi lesquels Eugène Viollet-le-Duc. A l’occasion de ce concours, le baron Haussmann proposa un terrain entouré d’immeubles de rapport, fort peu commode, avec lequel les candidats, puis le lauréat, durent composer, sans jamais obtenir d’évolution plus favorable. Pour Garnier, la gageure revint à élever une architecture d’apparat sur une surface étroite.

avenue opéra 

L’Avenue de l’Opéra

Dans la foulée du chantier, l’Empereur ordonna le percement d’une avenue large et rectiligne, afin de relier la nouvelle salle de spectacle au château des Tuileries.

S’entourant d’amis rencontrés pendant son séjour à Rome, Garnier élabora le prototype du style « Napoléon III », mêlé de références françaises et italiennes, et enrichi d’un décor abondant manifestant un attrait particulier pour l’art baroque. Pour l’escalier d’honneur à trois volées et la vaste salle à l’italienne de l’opéra parisien, Garnier s’inspira également du Grand Théâtre de Bordeaux (1773-1780), de Victor Louis.

On donna les premiers coups de pioche en 1861, quelques mois avant la pose de la première pierre. En 1867, à l’occasion de l’Exposition universelle, la façade principale de l’Opéra, achevée jusqu’aux mascarons, guirlandes et bas-reliefs de l’attique, fut dévoilée à la demande de l’Empereur. L’Opéra Garnier était pourtant loin d’être achevé : la guerre de 1870, puis la chute du Second Empire, interrompirent les travaux. Ceux-ci reprirent sous la Troisième république, mais seulement après l’incendie du vieil opéra de la rue Lepelletier, en 1873. L’Opéra Garnier fut inauguré au début de l’année 1875, en présence du Président de la République Patrice de Mac Mahon.

coupe opéra encore repris

Maquette en coupe de l’Opéra Garnier

La maquette en coupe de l’Opéra Garnier permet de mieux comprendre la répartition des différents espaces. On trouve, du côté de la façade principale, la galerie à arcades du rez-de-chaussée et la loggia du premier étage, les foyers d’honneur, le grand escalier d’honneur, et enfin la salle. Au-delà, vers la façade postérieure, se dressent le pignon de la scène, les foyers du chant et de la danse, puis le massif postérieur.

statue opéra garnier façade

Eugène-Antoine Aizelin (1821-1902)

L’Idylle, 1870, pierre, Paris, façade de l’Opéra Garnier

Charles Gumery (1827-1871)

Médaillon au profil de Jean-Sébastien Bach, 1869, bas-relief en pierre, Paris, façade de l’Opéra Garnier

Précédée d’un perron d’une quinzaine de marches, la façade principale s’ouvre par une galerie couverte à arcades, surmontée d’une grande loggia et d’un étage attique. De part et d’autre des travées centrales, se dressent deux avant-corps, couronnés d’un fronton curviligne.

Quatre figures sculptées se tiennent devant la galerie à arcades du rez-de-chaussée. Elles sont surmontées d’une lourde guirlande de fruits, suspendue à deux poinçons, autour du portrait en médaillon d’un compositeur, dont le nom est gravé sur un cartouche. Quatre compositeurs sont ainsi évoqués par leur profil : Bach, Pergolèse, Haydn et Cimarosa.

L'Harmonie de jouffroy

La Musique instrumentale, par Guillaume, au premier plan, et la figure principale de L’Harmonie, par Jouffroy, au second plan, vues de la loggia

Quatre grands groupes sculptés flanquent les avant-corps latéraux. Après quelques hésitations concernant le nom des statuaires et les sujets, Charles Garnier désigna François Jouffroy, Jean-Baptiste Carpeaux, Eugène Guillaume et Jean-Joseph Perraud, qui se sont librement répartis les sujets.

L’Harmonie, de Jouffroy, et La Musique instrumentale, de Guillaume, furent d’abord dévoilées, avant La Danse, de Carpeaux et Le Drame lyrique, de Perraud.

 

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Atelier de Paul Belmondo, d’après Jean-Baptiste Carpeaux

La Danse, copie exécutée par Jean Juge en 1963, d’après le groupe sculpté mis en place en 1869 et désormais présenté dans une salle du musée d’Orsay, Paris, façade de l’Opéra Garnier

La réception de ces quatre groupes a opposé partisans et adversaires de Carpeaux. La Danse tranchait avec les trois autres groupes, quelque peu hiératiques, mais parfaitement intégrés au monument.

Dans La Danse, Carpeaux parvint à rendre la sensation du mouvement : son génie bondissant déséquilibre la ronde des bacchantes, ivres de joie. L’œuvre de Carpeaux fit toutefois scandale, en particulier le traitement réaliste des nus : « Ces ménades aux chairs flasques, molles et usées, aux seins tombant, aux ventres plissés (…) sentent le vice et puent le vin », écrit, en 1869, un moraliste (C. A. de Salelles, Le groupe de la Danse de M. Carpeaux jugé au point de vue de la morale [...], Paris, 1869, p. 9). Face aux protestations, Garnier passa commande d’un nouveau groupe à Charles Gumery, qui ne fut jamais installé en raison de la guerre de 1870.  

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 Le buste doré de Beethoven 

Des colonnes colossales jumelées scandent l’étage de la façade. Ces colonnes, qui soutiennent le grand entablement, encadrent de plus petites colonnes. Celles-ci supportent un petit entablement et une paroi percée d’oculi, qui parcourt le sommet de la loggia et des avant-corps latéraux. Chaque oculus est occupé par le buste d’un compositeur.

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Charles Gumery (1827-1871)

L’Harmonie (vue depuis le pavillon de l’Empereur), 1868, bronze doré, Paris, façade de l’Opéra

Le grand entablement de la façade principale est surmonté d’un attique orné de putti et de figures allégoriques, qui portent les médaillons aux initiales de l’Empereur et de l’Impératrice. Une frise de mascarons, reliés par des guirlandes, couronne la façade. Les groupes de L’Harmonie et de La Poésie, sculptés par Charles Gumery, dominent les avant-corps latéraux.

 

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Le décor de la galerie couverte

C’est par la galerie couverte à arcades du rez-de-chaussée que la plupart des spectateurs pénétrait dans le théâtre pour assister aux représentations. Chaque travée est coiffée d’une coupole plate, dont le décor exploite le motif de la lyre, omniprésent à l’intérieur et à l’extérieur de l’édifice.

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Les guichets du grand vestibule d’entrée

Les arcades de la galerie couverte sont occupées par les guichets de la billetterie, qui donnent accès au grand vestibule. Les piliers du grand vestibule supportent une voûte plate, décorée d’arc doubleaux qui se croisent à l’emplacement d’une clef ornée. Quatre groupes de lanternes, fixés sur les piliers richement ornés de l’entrée, éclairent le grand vestibule.

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Vue du grand vestibule d’entrée

Face aux guichets, quatre statues colossales, représentant RameauLullyGluck et Haendel en position assise, personnifient les principales nations de l’opéra. Elles devancent l’escalier d’accès au vestibule de contrôle. De là, le spectateur peut contempler le grand escalier d’honneur.  

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Le grand escalier d’honneur

La nef du grand escalier d’honneur inaugure véritablement les décors somptueux de l’Opéra : c’est en outre un lieu de rencontre, de représentation et de conversation mondaine. La volée centrale du grand escalier monte vers un premier palier, qui débouche sur la porte aux cariatides, qui donne accès aux baignoires, à l’amphithéâtre et à l’orchestre de la salle. Deux volées latérales mènent à l’étage des premières loges et au foyer.

Différents marbres ont été employés pour la construction du grand escalier : marbre blanc de Serravezza pour les marches, marbre rouge pour les balustres et marbre vert de Suède, pour le limon. Les rampes introduisent un autre matériaux précieux : l’onyx. 

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Les torchères marquant le départ de la rampe centrale du grand escalier d’honneur

Albert-Ernest Carrier-Belleuse (1824-1887) imagina les grands groupes de bonze formant torchères, qui marquent le départ de la rampe centrale du grand escalier. La composition savante montre deux figures féminines demi-nues : l’une est assise sur le piédestal et lève un bras de lumière, alors que l’autre, représentée debout, porte un second bras à hauteur d’épaule et un énorme bouquet de lumières sur la tête. Derrière ces deux figures, un enfant nu tient lui aussi un petit faisceau de lumières.

 

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La porte aux cariatides

La porte aux cariatides du premier palier est surmontée d’un fronton au-dessus duquel deux enfants en marbre blanc tiennent l’écusson aux armes de la Ville de Paris. Cette porte est flanquée de deux cariatides colossales, exécutées par le sculpteur Gabriel-Jules Thomas.

Chaque figure, la tête ceinte d’une couronne de laurier dorée, est constituée d’un corps en bronze, couvert d’une robe et d’une tunique en marbres polychromes. L’une, représentant La Comédie, tient une harpe dorée appuyée sur le soubassement de la colonne voisine. L’autre, représentant La Tragédie, tient une épée à lame argentée, la pointe appuyée de la même manière.

Navlet escalier opéra

Victor Navlet

L’Escalier de l’Opéra, vers 1880, huile sur toile, Paris, musée d’Orsay

Dans Le Moniteur des architectes, Charles Laffitte écrit : « La cage du grand escalier est une enceinte de base carrée ; des murs percés de grandes baies s’élèvent, sur les côtés, jusqu’au premier étage ». Trente colonnes de marbre sarrancolin entourent le premier étage de la cage d’escalier. Du côté de l’avant-foyer, ces colonnes sont accouplées par groupe de quatre et, sur les autres faces, accouplées par deux : « …au droit de chaque colonne et sur le mur correspondant est placé un pilastre en marbre fleur de pêcher ou en brèche violette. »

« Les colonnes reliées par un plein cintre portent un entablement ayant pour ornements des incrustations de marbres divers sur lequel repose une voûte ovoïde, élégie à sa base par des arcs surbaissés, correspondant aux arcades inférieures, avec des têtes idéales pour clés » (C. Laffitte, « Esthétique. Le nouvel opéra. Ses beautés et ses défauts (3e article) », Le Moniteur des architectes, 1876, volume 10, col. 172-181). 

Du côté du foyer, l’entrecolonnement est ouvert jusqu’au plein cintre. Sur les autres faces, il est relié par des balcons qui correspondent à chacun des étages de la salle. Les balcons du premier étage avancent sur la cage d’escalier par un encorbellement, dont les balustres, de spath-fluor, et les dais, de marbres divers, supportent une rampe en onyx d’Algérie.

Les balcons des étages supérieurs sont en bronze et ceux des arcs surbaissés, en marbre de Campan et en pierre de Saint-Ylie, et supportent en outre des pots-à-feu éclairant la partie supérieure de l’escalier. 

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La voûte du grand escalier

La voûte, percée d’une lanterne, repose sur douze arcs surbaissés en forme de pénétrations, qui correspondent exactement à l’entrecolonnement de la cage d’escalier. Les têtes d’enfants des tympans ont été imaginées par le sculpteur ornemaniste Louis-Félix Chabaud (1824-1902), qui intervint en plusieurs endroits de l’édifice, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Les peintures de la voûte rendent hommage au grand décor italien. Garnier confia ce chantier au peintre Isidore Pils (1815-1875), qui imagina les compositions de quatre grands compartiments. Mais décédé en 1875, c’est son élève, Georges-Jules-Victor Clairin (1843-1919), qui en acheva l’exécution. Elles représentent Le Triomphe d’ApollonLa Ville de Paris recevant le plan du nouvel opéra, Le Charme de la Musique et Minerve combattant la Force brutale devant l’Olympe réuni

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 Une mosaïque de l’avant-foyer : Orphée et Eurydice

Le palier du second étage du grand escalier mène à l’avant-foyer, qui se présente comme une galerie ouverte, flanquée des salons de la Lune et du Soleil. Cette galerie donne, d’un côté sur l’escalier d’honneur, et de l’autre, sur le grand foyer. La voûte de l’avant-foyer, entièrement recouverte de mosaïque, se compose de fragments de pâtes vitrifiées colorées ou garnies d’un fond d’or. Sa décoration comprend quatre grands médaillons : l’un de ces médaillons représente Eurydice, guidée d’une main par Orphée, qui tient sa lyre.

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Le salon de la Lune 

Placés aux extrémités de l’avant-foyer, les salons de la Lune et du Soleil forment deux rotondes. Garnier en confia la décoration à deux amis : Philippe-Marie Chaperon (1823-1906) et Auguste-Alfred Rubé (1817-1899). Le salon de la Lune se singularise par les tonalités froides de l’argent, avec des représentations d’oiseaux de nuit. Les tons chauds de l’or, avec des représentations de salamandres, caractérisent au contraire le salon du Soleil.

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Le grand foyer

L’avant-foyer et les rotondes des salons de la Lune et du Soleil communiquent avec le grand foyer. « Ici, tout est doré ! Les colonnes, les sculptures et même les murs (…). C’est un éclat digne d’un conte des mille et une nuits », écrivit T. Faucon, dans son ouvrage Le nouvel opéra : monument, artistes (Paris, 1875, p. 49).

Le grand foyer de l’Opéra est incontestablement la grande salle d’apparat du palais Garnier. Elle rappelle peut-être les grands décors romains, évoque probablement la voûte de la galerie d’Apollon, au Louvre, dont elle reformule le système décoratif en compartiments peints, avec le même goût de l’or.

Le vaste décor peint de la voûte du grand foyer est confié au peintre Paul Baudry (1828-1886). Sa composition comprend douze grandes voussures latérales entremêlées de huit compartiments plus étroits contenant la figure d’une muse. Les sujets des grandes voussures sont tirés de la fable (Le Parnasse), de l’histoire antique (Les Poètes) ou de l’histoire religieuse (Saül et DavidLe Rêve de sainte Cécile). Le sommet de la voûte est occupé par un long compartiment rectangulaire, flanqué de deux compartiments ovales. La composition principale représente La Mélodie et l’Harmonie ; les deux peintures ovales représentent La Tragédie et La Comédie

 

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L’élévation du grand foyer

La paroi mitoyenne avec l’avant-foyer est percée de trois grandes portes, auxquelles s’ajoutent de fausses portes garnies d’un immense miroir, en correspondance avec les baies vitrées de la paroi opposée. Au-dessus de ces portes, des lyres émergent de bouquets de lauriers ; des grappes de fruits et des guirlandes se marient aux rinceaux. Les dessus-de-porte sont ornés de médaillons ovales, représentant des enfants tenant des instruments de musique.

Tout autour du grand foyer, dix colonnes accouplées supportent des entablements occupés par des statues personnifiant les qualités et les vertus nécessaires à l’artiste.

 

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Le salon décoré par Jules-Elie Delaunay

Deux salons, ornés d’une cheminée monumentale, occupent les extrémités du grand foyer. Somptueusement décorés et dorés, ces salons reçoivent plusieurs peintures, confiées aux peintres Félix-Joseph Barrias (1822-1907) et Jules-Elie Delaunay (1828-1891), qui complètent le grand décor de Baudry. Dans l’un des salons, Delaunay exécute un plafond (Le Zodiaque) et trois tympans, dont Le Parnasse, au-dessus de la cheminée.

 

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Le salon décor par Félix-Joseph Barrias

Dans l’autre salon, Barrias composa, pour les tympans, La Musique amoureuseLa Musique champêtreLa Musique dramatique. La peinture du plafond représente Les dieux de l’Olympe, autour de la figure d’Apollon, sur le char du Soleil, brandissant la lyre.

 

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 Vue de la loggia, vers la rue Halévy

Depuis le grand foyer, cinq portes vitrées permettent de passer à la loggia, dont le principe reprend à la fois les modèles de la Renaissance italienne et des XVIIe et XVIIIe siècles français. A Paris, la Colonnade du Louvre, de Perrault, ou les galeries des bâtiments bordant la place de la Concorde, conçus par Gabriel, avaient adopté des dispositifs comparables, qui ont pu retenir l’attention de Garnier.

Ce promenoir somptueux, laissé à l’usage des spectateurs pendant la belle saison, devait offrir, grâce aux balcons ménagés entre les colonnes, la perspective de l’avenue de l’Opéra, jusqu’aux guichets du Louvre.

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Vue de la loggia, vers la rue Scribe

Dans le fond de la loggia, les portes d’accès sont encadrées par des colonnes de marbre et couronnées de cartouches, que des figures d’enfants maintiennent debout. De part et d’autre de la loggia, d’élégants candélabres se dressent en avant d’un mur garni de pilastres cannelés, portés par des consoles de pierre. Le sol est parcouru d’un dallage de marbres polychromes. 

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Le plafond à caissons de la loggia

Les caissons du plafond contiennent des médaillons en mosaïque d’émaux représentant des masques antiques au milieu de divers attributs.    

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Le salon du Glacier

Les salons du grand foyer communiquent avec les galeries du Glacier et du Fumoir. La galerie orientale, aujourd’hui « galerie du Bar », mène au salon du Glacier. Lieu de distribution de rafraîchissements, ce salon demeura inachevé à l’ouverture de l’Opéra et reçut tardivement son décor, conçu par Clairin, l’élève de Pils.

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Détail du plafond ornant le salon du Glacier

Son plafond représente une ronde de bacchantes et de faunes dans l’esprit « Belle Époque ». Les trumeaux sont garnis de tapisseries des Gobelins, représentant les différentes boissons distribuées en ces lieux (Champagne, thé, café…), ainsi que la pêche et la chasse.   

   

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Tête d’Hercule

Sous la corniche, au-dessus des tapisseries, un médaillon ceint d’une guirlande d’olivier porte une tête de personnages de la fable. La tête d’un Hercule barbu, à la chevelure mêlé de feuilles de vigne, la peau du lion de Némée tombant sur le devant, appartient à cet ensemble.  

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 Le couloir des loges, vu du salon du Glacier

Des couloirs incurvés longent les loges donnant sur la salle de spectacle. En dehors du sol, ces couloirs sont dépouillés d’ornements. Quelques bustes, éclairés par de modestes bras de lumière, se tiennent toutefois sur leur piédestal à intervalle régulier.

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Une porte à hublot

Les portes donnant accès aux loges sont en revanche soignées : en bois d’acajou, elles sont percées d’un hublot en verre fumé, à décor de palmettes et de fleurs de lys.  

salle opéra garnier

La salle à l’italienne de l’Opéra

Le décor fastueux de la salle à l’italienne de l’Opéra, en forme de « fer à cheval », est à dominante rouge et or, caractéristique de l’époque impériale. Le velours rouge recouvre les fauteuils d’orchestre, les appuis et l’intérieur des loges ; les dorures rehaussent la sculpture ornementale.

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Les loges d’entre-colonnes situées à droite de la scène

La ceinture dorée bordant les cinq niveaux de loges est scandée de huit colonnes richement sculptées. Un masque tragique ou comique orne le fût de chaque colonne, dont la partie supérieure est cannelée. Ces colonnes supportent un entablement, où retombent les pendentifs de la coupole, sur lesquels se détachent des figures allégoriques.

La paroi des loges est également décorée de cartouches et de motifs ornementaux, encadrés par de longues branches de laurier.

De part et d’autre de la scène, les loges d’entre-colonnes sont flanquées de cariatides, en bronze et en marbre. Ces cariatides supportent un entablement et un fronton en chapeau de gendarme, sur lequel sont disposés deux vases et deux figures allégoriques, autour d’un grand écusson.

De grands pilastres au fût lisse, de la même hauteur que les colonnes, encadrent les loges d’entre-colonnes. Ils sont surmontés de têtes, imaginées par Chabaud, qui personnifient, à droite, L’Épopée et La Féérie et, à gauche, L’Histoire et La Fable.  

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  La loge impériale

Les cariatides de la loge impériale, à gauche de la scène, sont constituées de marbres de différentes couleurs, à l’exemple des cariatides du grand escalier. Elles sont l’œuvre du sculpteur valenciennois Gustave Crauk (1827-1905).

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La coupole de la salle de l’Opéra

La salle de l’Opéra Garnier est coiffé d’une coupole de cuivre, formée de vingt-quatre segments boulonnés, dont l’ornementation est particulièrement soignée. La corniche de la coupole est garnie d’une rangée de globes qui, une fois lumineux, forment comme une ceinture de perles. La frise d’entrelacs de l’entablement intègre des médaillons à jour remplis par des espèces de pierres précieuses, initialement éclairées au gaz, qui semblent former un diadème de topazes et d’émeraudes. Un grand lustre de cristal renforce l’éclairage de la salle.

Le motif de la lyre, associé à douze têtes de personnages mythologiques, décore la base de la coupole. Ces têtes représentent Iris, Amphitrite, Hébé, Flore, Pandore, Psyché, Thétis, Pomone, Daphné, Clélie, Galatée et Aréthuse.

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La peinture originelle de la coupole de l’Opéra

La peinture originelle de la coupole, exécutée par Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898), représentait Le Triomphe de la beauté, charmée par la musique, au milieu des Heures du jour et de la Nuit. Dans une composition tourbillonnante, Lenepveu montrait le char d’Apollon surgissant dans la lumière du matin, opposée au crépuscule.

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Détail de la peinture de Chagall

En 1964, André Malraux passa commande d’un nouveau plafond à Marc Chagall, qui dissimule désormais la composition allégorique de Lenepveu. Chagall y évoque, en cinq parties aux vives couleurs, les grands jalons et ouvrages représentatifs de l’histoire des arts de l’Opéra et de la danse. Dans la partie centrale, que Lenepveu avait laissée sans décor, Chagall rend hommage aux compositeurs marquants des arts lyriques et chorégraphiques.  

lanterne coupole et groupe millet opéra

La lanterne de la coupole et le groupe en bronze sommant le pignon

Le dôme de la salle de l’Opéra, exécuté en cuivre repoussé et divisé en quartiers par d’épaisses côtes, adopte la forme d’une « couronne impériale ». Il repose sur un tambour percé d’une série de fenêtres en œil-de-bœuf, occupées par des lyres dorées, sous une frise de bustes, reliés par des guirlandes.

Une grande lanterne, décorée de masques antiques et d’aigles aux ailes déployées, s’appuie sur des consoles, entre lesquelles sont pratiquées de petites ouvertures désormais vitrées. Une pomme de pin couronne la lanterne.

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Aimé Millet (1819-1891)

La Musique, la Danse et la Poésie, 1869, bronze, Paris, pignon de l’Opéra Garnier

En retrait, le pignon de la scène domine l’ensemble de l’édifice. Du côté de la façade, le groupe de La Danse, la Musique et la Poésie, sculpté par Aimé Millet, se dresse sur sa pointe. Sa figure principale représente Apollon, levant sa lyre au-dessus de sa tête, « comme un saint-sacrement », pour reprendre les termes de l’architecte. Le groupe de Millet, qui se détache nettement sur le ciel depuis l’avenue de l’Opéra, est en quelques sortes l’ «enseigne » de l’Opéra.

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Eugène-Louis Lequesne (1815-1887)

Renommée tenant Pégase par la bride, 1866-67, bronze, Paris, pignon de la scène de l’Opéra Garnier

Le sculpteur Lequesne exécuta, pour les extrémités du pignon, deux groupes représentant chacun une Renommée tenant Pégase par la bride, posés sur de hautes plinthes.

Les deux Renommées sont vêtues d’une tunique aux plis mouvementés : l’une pose la main sur un Pégase cabré et l’autre serre une palme en regardant sa monture, dressée sur ses jambes arrière. Des trophées sont placés sous les deux chevaux.  

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Jean Girette (1845-1931)

Le Nouvel Opéra de Paris [Vue du pavillon de l'Empereur], 1872, aquarelle, crayon et rehauts de gouache, Paris, musée d’Orsay 

Les façades latérales du palais Garnier s’articulent autour d’un pavillon axial, devancé par une rotonde. La façade occidentale reçoit le dispositif le plus spectaculaire, prévu pour permettre à l’Empereur et à sa suite d’accéder directement à l’édifice et à une loge d’avant-scène. Une double-rampe carrossable devait en effet lui assurer une circulation protégée et abritée des intempéries, en laissant l’accès aux voitures à cheval à l’intérieur même du pavillon.

Deux colonnes rostrales, couronnées d’un aigle, et deux grands candélabres, marquent le point de départ de chaque rampe. Les balustrades des deux rampes supportent des candélabres plus simples, à globe unique, qui éclairent à intervalle régulier l’ascension vers les entrées latérales du pavillon.  

Le pavillon de l’Empereur s’appuie sur un soubassement à bossages, largement dissimulé par la double-rampe, et un rez-de-chaussée percé de baies rectangulaires. De grandes fenêtres à fronton caractérisent l’étage noble. Les travées rectilignes du pavillon sont, à ce niveau, ornées de pilastres cannelés ; elles enserrent la rotonde, dont la travée axiale est flanquée de colonnes cannelées. La base du dôme de la rotonde est percée d’oculi, soutenus par des lions ailés et couronnés d’aigles aux ailes déployées.

 

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La rampe gauche du pavillon de l’Empereur 

De part et d’autre des pavillons latéraux, les façades du mur de clôture s’élèvent sur trois niveaux : un rez-de-chaussée à arcades, un grand étage éclairé de fenêtres coiffées de frontons, puis un attique à petites fenêtres, décoré de niches rondes, où se loge un buste. Le pignon de la scène et des machines se dresse légèrement en retrait : une frise à motif de lyre, en relief doré ou en trompe-l’œil, file sous la corniche.

entrée latérales pavillon empereur

L’une des entrées latérales du pavillon de l’Empereur, située en haut de la rampe droite 

Chaque rampe s’élève en virant vers les deux entrées latérales du pavillon de l’Empereur, dont les portes sont flanquées de cariatides et sommées d’un aigle impérial. Ces deux cariatides, plus grandes que nature, exécutées par Elias Robert et Mathurin Moreau, représentent des Gloires : les unes serrent une palme de bronze et soutiennent une couronne de laurier ; les autres ne soutiennent qu’une palme au-dessus de la porte. 

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Le monument à Charles Garnier 

Un monument à la mémoire de Charles Garnier fut dressé derrière les grilles protégeant l’accès à la rotonde du pavillon de l’Empereur. Ce monument à socle de pierre, décidé à la mort de Garnier en 1898, comprend un grand cartouche avec le plan de l’Opéra. Il porte le buste du compositeur, d’après Carpeaux, entouré des allégories du Travail et de L’Avenir, sculptées par Gabriel-Jules Thomas. 

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Le pavillon du Glacier ou pavillon des Abonnés

A l’opposé, le pavillon du Glacier, réservé aux abonnés, est mis en scène avec davantage de sobriété. Il devait néanmoins permettre à un public privilégié d’accéder directement à l’édifice, depuis fiacres et calèches, et de descendre à couvert des intempéries. Son rez-de-chaussée est percé de sept arcades en plein cintre et ses entrées latérales, flanquées d’obélisques. La descente à couvert du pavillon du Glacier est désormais occupée par le restaurant de l’Opéra.

rotonde des abonnés

La rotonde des abonnés

Les abonnés et les spectateurs ayant loué leur place à l’avance accédaient à la descente à couvert du pavillon du Glacier, puis traversaient une série de portes à tambour, avant de pénétrer dans un vestibule circulaire, qui se situe sous la salle de spectacle. C’est par ce vestibule que débute aujourd’hui la visite du palais Garnier. C’est ici que les spectateurs privilégiés patientaient avant de gravir l’escalier d’honneur et de se rendre dans leur loge. 

La voûte de ce vestibule est supportée par seize colonnes cannelées en pierre du Jura, à chapiteau en marbre blanc d’Italie, qui forment un portique garni de bancs tout autour de la salle. Elle est décorée d’un Zodiaque, entouré de douze têtes correspondant aux signes et quatre têtes rappelant les points cardinaux, réalisé par Chabaud. Une inscription circulaire de lettres entrelacées indique le nom de l’architecte et les dates de construction de l’édifice.

Cette salle d’attente est ornée d’appliques et de suspensions en bronze d’un bel aspect. Des vases exécutés à la manufacture de Sèvres, sur les dessins de l’architecte, garnissent des niches, surmontées de masques antiques, agrémentés de feuilles d’acanthe. 

A gauche de ce vestibule, trois galeries mènent au grand escalier. L’arcade du milieu aboutit sous la voûte du palier central, occupé par le bassin de la Pyhtie. La statue de bronze du bassin a été imaginée par Adèle Affry (1836-1879), duchesse de Castiglione, connue sous le nom d’artiste de « Marcello ».    

 

enceinte de l'opéra et torchères

L’enceinte de l’Opéra, du côté du pavillon de l’Empereur

 L’Opéra est entouré d’une enceinte qui en interdisait l’accès en dehors des heures de représentation. Cette enceinte est constituée d’une clôture à balustres de pierre, sur laquelle se tiennent huit colonnes rostrales et vingt-deux cariatides ou femmes lampadophores.

Garnier confia leur réalisation à Chabaud : celui-ci les représenta pratiquement nues, à l’exception d’une légère draperie, avec une lanterne en bronze sur la tête. Il conçut toutefois deux modèles différents : L’Étoile du Soir, avec un croissant de lune dans les chevaux, et L’Étoile du Matin, avec une étoile dans les cheveux.

   

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Maquette de l’Opéra Garnier selon une coupe longitudinale (détails du massif postérieur et du foyer de la danse), Paris, musée d’Orsay

Derrière le pignon de la scène et des machines, le massif postérieur du palais Garnier renferme les foyers de la danse et du chant, ainsi que les bureaux de l’administration. 

Le foyer de la danse est, de chaque côté, orné de six colonnes cannelées en spirale à chapiteaux parcourus de papillons aux ailes déployées. Le plafond compartimenté de caissons, orné de guirlandes de fleurs et de grelots, repose sur une voussure figurant un ciel d’été, dans lequel des enfants ailés poursuivent des papillons et des oiseaux, composé par Gustave Boulanger (1824-1888).

Une seconde voussure, ornée de lyres en plein relief et de vingt statues d’enfants, règne plus bas : elle est ornée de vingt médaillons ovales, où Boulanger a peint les portraits des danseuses les plus célèbres depuis l’origine de l’Opéra. Au-dessous, quatre grands panneaux, également composés par Boulanger, représentent la Danse guerrière, la Danse champêtre, la Danse amoureuse et la Danse bachique.

Du côté de la place Diaghilev, la façade postérieure, plus sobre, se développe au-delà d’une cour fermée par un grand porche.

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